Europe
Le traité franco-allemand d'Aix la Chapelle, signé tout récemment, et ses prédécesseurs qu'il renforce (Traité de l'Elysée de 1963 et de Nuremberg en 1996) contreviennent à l'important Traité de Moscou qui limitait le pouvoir militaire et politique de l'Allemagne à la fin de la guerre froide.
Il est particulièrement surprenant de constater que, de nos jours, la France et l'Allemagne, Etats membres de l'UE , puissent signer un traité établissant une assemblée parlementaire paritaire avec des politiques communes en matière de défense et de sécurité, alors que la Grande-Bretagne n'est même pas autorisée à signer des accords commerciaux avec d'autres pays tant qu'elle se trouve dans l'UE!…
Malgré les avertissements de nombreux experts en géopolitique et de deux grandes figures de la politique étrangère issus de la guerre froide (George Kennan and Henry Kissinger), la Grande Bretagne, l'Europe Allemande et les Etats Unis d'Amérique se joignirent pour faire la guerre à la Russie. En abandonnant les deux plus grands traités sur le nucléaire de l'Histoire, en promouvant la prise en charge par l'Union européenne des États démocratiques indépendants nouvellement créés en Europe orientale (au moment ou l'Union soviétique communiste s'effondrait), en déployant des forces armées jusqu'à la frontière russe et en instaurant un embargo commercial et des sanctions sur la Russie, nous, les britanniques, avons suivi les objectifs impériaux historiques de ces puissances franco-allemandes auxquelles nous avions résisté pendant deux siècles. Les États-Unis voient maintenant l'équivoque de ces menaces alors que les troupes russes pénètrent au Venezuela!
LE TRAITÉ DE MOSCOU
(Ce « Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne » fut signé à Moscou, Union soviétique, le 12 septembre 1990).
Après l'éclatement de l'Union soviétique, le traité de Moscou de 1990 entre le Royaume-Uni, les États-Unis, la France, l'URSS / la Russie, l'Allemagne Fédérale et la République Démocratique Allemande, visait à faire en sorte que l'Allemagne ainsi réunifiée « avec ses frontières définitives », soit « une contribution significative à la paix et la stabilité en Europe ». L'Allemagne réunifiée se déclarant comme « n'ayant aucune revendication territoriale quelle qu'elle soit vis-à-vis d'autre Etats et qu'elle n'en aurait pas à l'avenir ».
Cette dernière affirmation peut être remise en cause actuellement, alors que la Banque Centrale Européenne est située à Francfort, que l'euro maîtrise les territoires, la politique et l'économie des 18 États qui utilisent cette monnaie (en réalité allemande).
Voir à ce sujet : « l'euro est plus puissant que la guerre et la dette plus puissante que les forces armées » :
L'effet dévastateur de cette monnaie et le pouvoir des ministres des finances de l'"Eurogroupe" dominé par l'Allemagne sur les États anciennement souverains de l'UE, transforment en farce l'engagement pris par l'Allemagne dans le traité de Moscou de « n'avoir aucune revendication contre d'autres Etats »…
Dans son livre, l'ancien ministre grec des Finances grec, Janis Varufakis, en décrivant comment Allemagne a pris le contrôle et a exploité son pays pour soutenir l'euro, fait la démonstration la plus claire et la plus probante des nouvelles « revendications » allemandes!
Par le traité de Moscou, la France, l'URSS (future Russie), le Royaume-Uni et les États-Unis ont garanti les frontières définitives de l'Allemagne réunifiée. Cette dernière acceptant de réduire le nombre des personnels de ses forces armées à 370 000 au total (avec 345 000 pour les forces terrestres et aérienne réunies), « réaffirme sa renonciation à la fabrication, à la possession et au contrôle d'armes atomiques, biologiques et chimiques, et que ces engagements seront respectés ».
Mais c'est précisément ce qu'une série de traités franco-allemands signés au cours des 50 dernières années ont accordé à l'Allemagne !
Ceux-ci ont abouti à l'inquiétant Traité d'Aix-la-Chapelle signé cette année le 22 janvier 2019 par Macron et Merkel…
Le Traité de Moscou stipulait en outre qu'aucune force armée étrangère, aucune arme nucléaire ou aucun vecteur d'armes nucléaires ne devrait stationner ni être déployé dans la région de Berlin et de l'ancienne Allemagne de l'Est, pour en faire une zone dépourvue d'armes nucléaires. L'armée allemande ne pouvant déployer que des systèmes d'armes classiques.
Mais aujourd'hui, des milliers de soldats de l'OTAN stationnent bien au-delà du territoire de l'ex l'Allemagne de l'Est, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, tandis que les Etats-Unis installent actuellement une base militaire permanente en Pologne. D'autres bases militaires se trouvent en Roumanie et en Bulgarie et le long de la côte de la mer Noire.
Les traités de l'Elysée, de Nuremberg et d'Aix la Chapelle :
Le traité franco-allemand de 1996 de Nuremberg a adopté le concept de communautarisation des forces armées, y compris des armes nucléaires entre la France et l'Allemagne. Le protocole additionnel de 1988 au traité de l'Élysée de 1963 prévoyait la « combinaison appropriée de forces nucléaires et conventionnelles » de la France et de l'Allemagne et instituait un « Conseil franco-allemand de défense et de sécurité » auquel participait de plein droit le Chef d'Etat Major des Armées françaises et l'Inspecteur général de la Bundeswehr.
Ces dispositions sont en totale contradiction avec le traité de Moscou de 1990, qui interdit à l'Allemagne de disposer d'un « pouvoir de décision sur les armes atomiques ».
En 2019, l'accumulation continue d'illégalités issue de ces traités culmine avec le traité d'Aix-la-Chapelle, qui a créé une Assemblée parlementaire franco-allemande réunissant des membres de l'Assemblée nationale et du Bundestag, présidée par le président de l'Assemblée nationale française et par le président du Bundestag allemand. Les autorités allemandes et françaises exigeant que les décisions de cette assemblée paritaire soient « transformées en action ». L'assemblée « suivra les décisions du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité » et « formulera des proposition sur toute question intéressant les relations franco-allemandes en vue de tendre vers une convergence des droits français et allemands » (Article 6 de l'accord constitutif de l'Assemblée parlementaire franco-allemande).
Il doit y avoir une approche coordonnée des intentions législatives de l'Union européenne avec un « mécanisme d'alerte précoce » des politiques pour lesquelles elle souhaite adopter une position commune.
Le chapitre III de cet Accord parlementaire du traité d'Aix la Chapelle stipule même que:
Incroyable, non ?
Mais pourtant écrit noir sur blanc au Chapitre III de l'accord constitutif de l'Assemblée franco-allemande du traité d'Aix la Chapelle.
Les eurosceptiques et les patriotes français sont naturellement bouleversés par ces traités. La Russie elle-même devrait donc être particulièrement inquiète. Les Britanniques et les Américains devraient voir le danger d'un contrôle excessif des Allemands sur la sphère politique et militaire franco-allemande en promouvant une armée européenne distincte de l'OTAN.
Comme la plupart des mouvements historiquement les plus redoutables de la géopolitique, ces évolutions funestes furent progressives, favorisant apparemment l'amitié et la coopération, apparaissant chaque fois de faible importance. Mais l'accumulation de ces traités entre 1963 et 2019 a démontré le mépris des Français et de l'Allemagne pour les sensibilités et les droits démocratiques des autres États de l'UE et a constitué une menace considérable pour l'équilibre des pouvoirs en Europe.
Par Rodney ATKINSON (Contributeur Britannique)
Source de cet article: freenations.net
Livres publiés par l'auteur:
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