La nécessité de l'indépendance.
Il n'y a pas de personnalité sans indépendance.
La subordination, en imposant des contraintes aux sentiments et aux actes, obstrue l'esprit d'initiative en entrave l'action. Il en est de même pour les nations qui n'existent plus dès lors qu'elles sont occupées ou régentées d'ailleurs. Notre époque en fournit maints exemples, ne serait-ce que les malheureuses nations soumises hier à la tutelle de l'URSS.
De nos jours, les peuples ressentent si profondément cette nécessité de l'indépendance que, dans nombre de parties du monde, ils se soulèvent pour rejeter le joug qui les fait plier.
Certes, à notre époque de mondialisation, il n'existe pas de totale indépendance puisque chacun est tributaire de ses importations et de ses exportations, mais, dans l'exercice même de ce commerce, persistent des intérêts nationaux qu'il est impératif de défendre sous peine de disparition.
Les questions économiques et sociales sont devenues primordiales et c'est à l'Etat d'assurer les meilleures conditions possibles. L'indépendance, c'est sans aucun doute pour lui la défense des intérêts propres aux membres de sa communauté. Sur le plan de la philosophie humaine, les Etats riches ont le devoir d'aider les Etats pauvres, mais ceci dans la limite de leurs moyens et sans mettre en danger leur propre richesse. Sinon, tous les associés deviendront pauvres et le résultat souhaité ne sera pas atteint.
La fusion de deux entités nationales est un projet peut être séduisant mais irréaliste. L'Histoire démontre que de telles tentatives se soldent immanquablement par des révoltes. Le poids du passé, la survivance des habitudes, la force des croyances, les langues, constituent des foyers jamais éteints.
Ainsi, l'indépendance représente-t-elle la garantie de survie d'une nation mais, libre de ses choix, toute nation peut naturellement se lier à une autre par des accords bilatéraux.
Un groupe de nations peut également se constituer sur des bases de coopération pour des objectifs précis dans des domaines arrêtés. Les exemples ne manquent pas de telles associations réussies, fructueuses et durables.
Toutefois, il importe que les parties engagées présentent le même équilibre économique, social et culturel ou, dans tous les cas, un équilibre comparable sous peine d'échec.
Il ne semble pas que l'on puisse réellement avancer dans les relations entre nations si une harmonisation des règles de vie n'est pas réalisée. Les règles de la vie, ce sont les lois qui se présentent le plus souvent sous la forme d'impôts, de taxes, de contrôles, de limitations, d'innombrables obligations qui permettent le fonctionnement relativement harmonieux d'une société humaine.
Comment coordonner des sociétés au fonctionnement extrêmement compliqué sans les faire reposer sur des bases identiques ? Prenons l'exemple le plus simple : celui du tabac. Le même paquet coûte, au-delà de la ligne symbolique d'une frontière, la moitié du prix de l'autre côté de la ligne. Plus gravement, il en est de même de l'essence. Plus grave encore, de la couverture sociale, du système des retraites, etc…
Dans l'analyse du résultat du récent référendum
(3), il serait coupable de ne voir comme motivation que des conditions d'ordre matériel ; il existe un fort sentiment national qui, sans aucune ambition dominatrice, n'accepte pas la subordination.
L'indépendance n'est donc ni une valeur dépassée, ni une exigence incompatible avec l'évolution ; c'est une nécessité pour toute nation qui veut survivre ; c'est la référence dans le tumulte du progrès qui supprime les distances, réduit la valeur du temps et veut ignorer les identités.
Or, l'humanité n'a progressé que par la coexistence et la rencontre de sociétés aux diverses personnalités apportant chacune la richesse de son histoire et de son visage.
Pierre LEFRANC.
(1) Grand résistant, Français Libre, ancien chef de cabinet du général de Gaulle, décédé le 7 janvier 2012.(2) Avec l'aimable autorisation de Monsieur Alain Kerhervé, cet article est paru sur le site www.gaullisme.fr sous rubrique « Les témoins du gaullisme de conviction » le 5 mars 2007.(3) Référendum de mai 2005 par lequel le peuple Français rejetait massivement la Constitution pour l'Europe de Valéry Giscard d'Estaing.(4) La photographie de Monsieur Pierre Lefranc de cet article est due à Monsieur Alain Kerhervé.Lien permanent
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