Le 05-05-2017 par C. Trouvé Nous terminons un quinquennat comme n'en avait pas encore connu la République française, un quinquennat monarchique. Quand je dis que nous le terminons c'est en espérant que de nouveaux attentats avant le 2ème tour de l'élection présidentielle ne viennent pas inciter au report de ce vote.
Le Président a pu exercer un pouvoir quasi monarchique, bien au-delà de ses prédécesseurs. Le président socialiste l'a admis lui-même, il a « vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu ». En juin 2012, pour la première fois de son histoire, le PS contrôlait en effet la présidence de la République, le gouvernement, l'Assemblée nationale, le Sénat, 21 des 22 régions métropolitaines, 56 des 96 départements et 27 des 39 villes de plus de 100 000 habitants. Ceci est lié à la conjonction de deux phénomènes. Le premier est que le gouvernement de la France est alternativement confié à une gauche et une droite campées sur leurs dogmes qui jusqu'à présent donnaient lieu à des changements de cap sous les Républiques précédentes. On avait à l'Assemblée Nationale sous la IIIème République des empoignades, au plein sens du terme, d'une violence physique et orale que nous ne connaissons plus aujourd'hui.
Même si l'on peut se féliciter de ce retour à plus de civilité de la part de représentants du peuple, on a aujourd'hui des débats souvent aseptisés où les « combattants » jouent un théâtre convenu pour se retrouver au bar avant que le rideau ne se lève pour un nouvel acte. Mais ce qui est plus grave depuis pratiquement le Président Pompidou, et plus particulièrement depuis Mitterrand, c'est que ces partis gauche-droite s'ingénient désormais à faire croire à leurs différences auprès de leurs électeurs mais obéissent tous aux mêmes pressions d'une Union Européenne de plus en plus présente.
Le fameux « arc républicain » est devenu un conglomérat de politiciens s'ébrouant dans la mare de l'UE en jouant à se faire peur pour amuser la galerie. Les divergences sont soigneusement mises en exergue pour garder l'illusion d'une véritable opposition. D'ailleurs le premier acte européen du Président Hollande a été de parapher un traité laissé par Sarkozy après l'avoir dénoncé durant sa campagne. Après avoir mené une campagne à gauche, Hollande a géré l'économie française dans l'esprit libéral de l'UE, tout en jetant en pâture des mesures sociétales clivantes à souhait pour le théâtre d'ombres proposé à ses concitoyens.
L'arc républicain est devenu un fort imprenable, solidement ancré sur l'UE, où les deux tours étaient apparemment distinctes à un oeil non exercé mais en fait jumelles. L'élection de Jacques Chirac en a été la démonstration éclatante. Les citoyens de gauche ont voté Chirac, comme un seul homme si je puis dire au nom du vote utile. Mais il en a été de même de la droite de l'arc. Depuis Mitterrand les esprits sont formatés ainsi. On a fait croire que certains électeurs de droite pouvaient être attirés par Le Pen pour mobiliser la gauche et dissuader ceux de droite de le faire même s'ils en avaient envie. Le score fleuve de Chirac n'avait plus rien à voir avec l'usage normal de la démocratie. Le crédo du vote utile est un cancer de la démocratie où l'électeur est poussé à voter non plus en fonction de ses propres convictions mais est poussé par un réflexe moutonnier, largement exploité par les politiciens.
Mais à la Présidentielle succèdent les législatives et le vote utile est de nouveau en scène. Cette fois-ci c'est en évoquant la nécessité d'avoir une majorité présidentielle en faveur du Président élu. Ce Président ayant été élu au nom du vote utile, la captation de l'électorat en faveur de ceux qui détiennent alternativement le pouvoir devient d'autant plus totale que l'attribution des sièges à la proportionnelle est toujours renvoyée aux calendes grecques par la nouvelle Assemblée. Ce slogan du vote utile, habilement utilisé par ceux qui trustent le pouvoir, dénature totalement la démocratie puisque le peuple est invité à voter préférentiellement pour… les mêmes. On constate que ce ravage de la démocratie par le vote utile ne cesse de progresser. C'est ainsi que nous en sommes arrivés à un quinquennat monarchique avec le Président Hollande.
Si l'on ajoute à cela que l'oligarchie financière détient la quasi-totalité des médias, finance les sondages, qu'elle n'a pour but que de maintenir la puissance des banques et des multinationales, et qu'elle agit de même à Bruxelles pour fixer le cadre dans lequel le nouveau président devra oeuvrer et rendre compte, on voit que le vote utile est une arnaque, un bâillon mis à la démocratie. Ceci vient s'ajouter au référendum mis en désuétude en France et mis au pilori à Bruxelles. Le vote utile est l'ultime signe de la perte de la démocratie dans notre pays. On ne vote plus en conscience mais par calcul, calcul que l'on a soigneusement programmé dans nos têtes par une alliance diabolique. L'alliance médias, sondages, vote utile puis l'éviction d'un semblant d'attribution proportionnelle pour les sièges à l'Assemblée, sont les dispositions qui font de l'électeur un pantin aveuglé et manipulé au profit non du meilleur pour lui-même mais des marionnettistes.
Si nous voulons sauver la démocratie, nous devons voter en conscience, sinon le Président ne sera pas le représentant de tous les français !
Claude TrouvéLien permanent
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