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Economie



Don Hank Le 09-12-2016 par Don Hank  -    
 

Trump et le statut d'économie de marché pour la Chine


Donald Trump a fait un certain nombre de déclarations tonitruantes en ce qui concerne les manipulations effectuées par la Chine de son marché d'exportation. On peut alors se poser deux questions : tout d'abord ces déclarations sont-elles valables, et ensuite que serait-il susceptible de faire à ce titre ?

 Au début des années 1970, le président Richard Nixon a abandonné l'étalon or de la politique monétaire américaine. C'était une menace pour le dollar américain.

Pour compenser ce risque, il prit deux décisions importantes:

1) Il a conclu un accord de pétrodollars avec les Saoudiens, au titre duquel  les forces armées américaines défendraient la famille royale saoudienne, tandis que les Saoudiens s'engageraient à utiliser des obligations souveraines américaines comme monnaie de réserve. Bloomberg vient de révéler des détails de cet ancien accord, mais a signalé que les Saoudiens voulaient qu'il reste secret, ce qui laisse entrevoir que d'autres détails pourraient être encore inconnus. Cette politique a contribué à soutenir la valeur du dollar américain.

2) Dans le même temps, il a soutenu l'idée de garantir à la Chine le Statut de la Nation la plus Favorisée, afin d'améliorer les relations diplomatiques avec elle tandis qu'il refusait ce même statut aux pays communistes. En établissant des relations diplomatiques avec la Chine, ce statut permettait aux Etats Unis de commercer avec elle et aux Américains d'acheter des marchandises à bas prix, compensant ainsi la baisse de valeur du dollar due à l'abandon de l'étalon-or.

Le choix de la Chine comme partenaire commercial par le Congrès américain en 1980, fut sans aucun doute une décision stratégique destinée à punir la Russie pour son intervention en Afghanistan, tout en créant un fossé entre elle et la Chine. C'était la première fois que le gouvernement américain utilisa la Chine comme arme contre la Russie, le pays qu'il craignait le plus.

L'ouverture des échanges avec la Chine était source de confusion pour beaucoup d'Américains, qui se demandaient pourquoi un pays communiste pourrait être autorisé à commercer avec les Etats-Unis alors qu'un autre ne l'était pas.

La plupart des américains croyait naïvement que le motif était purement commercial, alors qu'il était hautement politique.

Non ratifié par l'administration Nixon, le statut provisoire de nation la plus favorisée pour la Chine a été finalement adopté en 1980 pendant l'administration Carter, en partie en raison de l'argument – qui s'est avéré être faux – selon lequel cette mesure donnerait aux États-Unis un avantage commercial en permettant aux Chinois d'acheter des marchandises américaines.

Malgré cette propagande, un énorme déficit commercial est apparu avec la Chine qui ne fit que s'accroître année après année.

Ce qui est incroyable c'est que cette double norme russo-chinoise ait survécu pendant plus de 60 ans, jusqu'à ces derniers temps au présent, moment où les États-Unis ont imposé des sanctions à la Russie tout en récompensant la Chine en lui accordant pratiquement des conditions de libre-échange, bien que ces deux pays soient perçus tous les deux comme représentant une menace militaire commune et que le favorisé est communiste tandis que le défavorisé ne l'est pas. Ce qui laisserait  entrevoir que la politique des États-Unis de s'opposer à la Russie n'a jamais été fondée sur le communisme, mais plutôt sur une crainte et une haine russophobe innée : rien de moins qu'un racisme irrationnel.

L'intention de créer un fossé entre la Chine et la Russie, aux frais de la Russie, a totalement échoué jusqu'à présent, tout comme la plupart des politiques qui sont ostensiblement basées sur un but raisonnable mais qui cachent en réalité une arrière-pensée.

Aujourd'hui, cette politique pro-Chine et anti-Russie est moins justifiée que jamais – en grande partie à cause des sinistres intrigues occidentales détestées à juste titre par ces deux pays – la Russie et la Chine étant devenus des partenaires économiques et militaires plus forts que jamais qui, ensemble, sont maintenant vus en Occident comme une menace commune à l'hégémonie américaine.

Pour la première fois en 60 ans, un président des Etats-Unis d'Amérique conteste cette vieille politique de favoriser la Chine et de faire de la Russie un bouc émissaire pour tous les maux occidentaux. Ce président élu, Donald Trump, a parlé de la conciliation entre les États-Unis et la Russie dans sa campagne et parle maintenant de plus en plus durement au sujet de la Chine.

Personne ne sait si cette dureté se traduira en politique, car Donald Trump dit souvent des choses, puis change d'avis ou fait des promesses qu'il ne peut pas tenir.

L'Organisation Mondiale du Commerce (l'OMC) a déclaré en 2001 que la Chine n'était pas une économie de marché et a défini divers critères pour matérialiser ses progrès dans l'acquisition du Statut d'Economie de Marché (SEM).

Il ne fait aucun doute qu'actuellement la Chine n'est toujours pas éligible au Statut d'Economie de Marché parce que son gouvernement subventionne toujours certains produits tels que l'acier, l'aluminium et la céramique, qui sont donc soumis à des droits d'importation dans divers pays occidentaux.

En 2001, l'OMC a accordé un statut commercial limité à la Chine, bien qu'elle n'avait pas d'économie de marché et lui avait donné 15 ans pour remédier à cette situation.
 
Pendant ces 15 premières années, selon le protocole de l'OMC, le prix standard est considéré comme le prix du marché intérieur en Chine du produit en question, ou bien le prix observé dans un pays similaire («pays analogue») pour ledit produit. L'écart indique le degré d'influence du gouvernement et donc la hauteur de la barrière commerciale appliquée en Occident. Cette dernière méthode a été utilisée, par exemple, dans l'UE.

Alors que ces 15 années se sont maintenant écoulées, cette méthode alternative ne peut plus être utilisée. La date limite du 11 Décembre 2016  est là.

Toutefois, le site du gouvernement chinois french.xinhuanet.com interprète cette partie du protocole d'accord de façon lâche, et à tort, comme suit:

«… selon la règle internationale, les protocoles pour l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 dictent que la Chine passera automatiquement au statut d'économie de marché lorsque la méthode « par pays analogue » expirera le 11 décembre 2016».


La décision du président Carter de conférer des relations diplomatiques à la Chine, qui a imposé d'interrompre les relations avec Taïwan, insupporte les Taiwanais, va de pair avec l'octroi du statut de nation la plus favorisée à la Chine.

En acceptant un appel téléphonique du président taiwanais la semaine dernière, Donald Trump a montré qu'il pourrait en fait envisager une inversion ou du moins une modification, des politiques mises en oeuvre par les administrations Nixon et Carter vis-à-vis la Chine.

La réaction de la Chine tant à l'appel téléphonique avec Taiwan qu'aux remarques de Donald Trump sur la controverse chinoise fut violente.

Couplé aux gestes bienveillants de Donald Trump envers la Russie, ces bruits de fond sismiques pourrait bien révéler des glissements de plaques tectoniques dans la politique étrangère américaine.

Donald Trump devra faire preuve d'une extrême prudence et suivre un cours intensif de diplomatie afin que nous puissions traverser ces 4 prochaines années sans faux pas majeur. Cependant, si nous analysons les démarches adoptés par Nixon et Carter, nous voyons qu'elles aussi représentaient des bouleversements radicaux de l'ordre mondial et chacune a servi à favoriser fortement certaines nations tout en abîmant d'autres. Nous nous sommes habitués à voir cette distorsion des choses comme propre au modèle américain.

Donald J. Trump a l'occasion de rétablir un équilibre sans trop froisser certaines susceptibilités. Il a déjà dit, par exemple, qu'il s'oppose à des accords de libre-échange, comme le TPP (qui visent à exclure la Chine et la Russie). Après tout, Trump dit qu'il croit au libre-échange, et le libre-échange n'est pas une arme politique pour punir les ennemis. Sera-t-il assez sage pour reconnaître cela et respecter les intérêts de tous?

Malheureusement, Trump n'a probablement pas de conseillers américains qui l'inciteraient à ne pas favoriser certaines nations tout en défavorisant d'autres. Néanmoins, une telle démarche équilibrée et délicate dans les affaires étrangères serait judicieuse pour une superpuissance comme les Etats Unis. Vladimir Poutine est un maître en la matière. Il appelle ça « le monde multipolaire ».

Don Hank
Correspondant de l'Alliance pour la souveraineté de la France aux USA

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